Dans la commune d’Akanda, non loin de Bolokoboué, une vaste zone sablonneuse de plusieurs centaines d’hectares est au cœur d’un conflit foncier à haute tension. Ce domaine, riche en sable, appartient depuis 1958 à feu Médard Bongotha, ancien notable gabonais, qui en avait acquis la propriété à travers un titre foncier régulier obtenu sous la présidence de Léon Mba. Aujourd’hui encore, ce titre, transmis légalement à ses descendants, demeure valide et opposable à tous.
Or, depuis plusieurs semaines, des exploitants de sable non identifiés ont commencé à extraire illégalement cette ressource, ignorant délibérément les droits fonciers des héritiers. Ces derniers affirment que les individus en question brandissent une autorisation datée de 2024, obtenue durant la période du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI).


Une autorisation qui, même en son temps, ne pouvait juridiquement primer sur un titre foncier régulier. Et encore moins aujourd’hui, alors que le CTRI n’existe plus formellement depuis la fin de la transition institutionnelle et l’entrée en fonction du président élu Brice Clotaire Oligui Nguema, le 3 mai 2025. Ce recours à un soi-disant « parapluie administratif » du CTRI, en réalité caduc, est aggravé par la mobilisation irrégulière d’un chef de quartier. Ce dernier, dont la juridiction est éloignée de la carrière litigieuse, aurait prêté son nom pour servir de caution morale à l’exploitation en cours. Une tentative manifeste de couvrir des activités d’extraction sans base légale ni transparence, et qui suscite de vives interrogations sur l’identité réelle des commanditaires.
Face à cette situation, les ayants droit du domaine Bongotha ont été contraints de prendre des mesures fermes. N’obtenant aucune réponse claire sur l’origine de l’autorisation ni sur les responsables réels de l’opération, ils ont interdit l’accès de leur terrain aux camions transportant le sable. Selon leurs proches, les exploitants refusent de décliner leur identité ou de produire des documents légaux de propriété, se contentant de menaces ou de justifications orales floues.
Ce contentieux pourrait prendre un tournant institutionnel dès lundi, puisque la famille entend saisir officiellement l’autorité municipale d’Akanda. Une démarche légale qui vise à rétablir le respect du droit foncier, mais aussi à rappeler que les abus sous couvert de transition ou d’autorité informelle n’ont plus leur place dans une République en reconstruction. Ce dossier met en lumière les pratiques encore courantes d’exploitation anarchique des ressources naturelles, souvent faites au mépris des lois foncières, des familles propriétaires et de la transparence. Il appelle également à une vigilance accrue de la part des mairies, préfectures et juridictions, face aux fausses autorisations et aux usurpations administratives, souvent sources de tensions et d’injustices graves. L’héritage de Médard Bongotha mérite d’être respecté. Et, au-delà de ce cas particulier, c’est l’État de droit que cette affaire vient interroger. Dans une nation qui aspire à la restauration de ses institutions, il est urgent de garantir que le droit écrit prime sur les pratiques informelles et les pressions de terrain.