La dynamique de la présidentielle demeure la meilleure option

Le statut d’un président de la République au-dessus de la mêlée est bien plus méritoire que la posture classique d’un chef de clan. Tout au long de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema s’est voulu rassembleur. L’histoire des hommes convainc qu’on ne change pas une méthode qui a porté ses fruits pour des expérimentations hasardeuses ou, pire encore, des schémas qui ont montré leurs limites. Les promoteurs d’un parti présidentiel devraient donc revoir leur copie, surtout si la formation politique en question, tel que ça semble s’amener, est une usine de recyclage de cadres du Parti démocratique gabonais (PDG).

Un parti à l’initiative du chef de l’Etat, ou se réclamant de lui, qui fourmillerait de figures honnies du PDG serait du plus mauvais effet. En conséquence, aux prochaines élections générales des législatives et des locales couplées, il donnerait lieu à une catastrophe politique. Explication : il est peu probable que les Gabonais votent pour ses candidats, sous prétexte qu’il faut donner une majorité au président plébiscité le 12 avril dernier, afin qu’il mette à exécution le projet de société qui a emporté l’adhésion de l’immense majorité de ses compatriotes. Un tel calcul serait vécu au mieux comme une escroquerie politique, au pire comme une trahison. Même pendant la transition, le choix de certaines personnalités du régime déchu à de hautes fonctions a été critiqué, parfois avec virulence. Des voix y ont trouvé des raisons de tourner en dérision les autorités militaires, allant jusqu’à conclure que le CTRI (Comité pour la transition et la restauration des institutions) n’était rien d’autre que « le PDG en treillis ». Il faut alors éviter la maladresse qui consiste à confirmer cette hypothèse sinistre.

Certes, personne n’a intérêt à ce que, moins de six mois après avoir remporté une victoire écrasante, le président soit ainsi désavoué, mais c’est le risque que les adeptes d’un parti fourre-tout lui font courir. Faut-il le répéter, Oligui Nguema n’a pas besoin d’un parti politique autre que le Gabon. S’il a besoin des gens qui démissionnent du PDG au motif qu’ils veulent se mettre à sa disposition libérée des devoirs d’un cadre partisan, il peut les utiliser en dehors des fonctions politiques de premier plan. Mais il est aussi du pouvoir discrétionnaire du président de la République d’en recruter dans d’autres cercles où des compétences éprouvées existent, qui ont, en plus, l’avantage d’être immaculées.

Maintenant, si les anciens cadres du PDG veulent monter une écurie, libre à eux. A condition que celle-ci remplisse les critères qui seront définis par la nouvelle loi sur les partis politiques. Certains d’entre eux ont été des chefs de partis dans le temps. D’autres ont été des membres influents de courants du PDG et des faiseurs de roitelets. Ils ont l’occasion de vérifier si leurs bases sont toujours solides ou si les lieutenants leur sont restés soumis. Le schéma envisageable, c’est celui d’un cadre formel qui réunirait les partis et les personnalités politiques qui partagent la vision du président de la République. Chacun garderait son identité et ses acquis, notamment en termes d’élus, mais il s’engagerait à les mettre à la disposition du président, en vue de l’accomplissement des nobles desseins qu’il a énoncés au profit du Gabon et des Gabonais. L’expérience de l’élection présidentielle est une bonne base de discussion. Le candidat Brice Clotaire Oligui Nguema avait invité toute personne physique ou morale qui le soutenait à le faire dans le cadre du Rassemblement des bâtisseurs. L’adhésion à cette plateforme n’équivalait pas à la mort des partis politiques, par exemple. A l’issue de la présidentielle, chaque personne a repris sa liberté de mouvement.

Plus que d’un parti politique, le président a besoin d’un bloc d’hommes et de femmes de divers horizons n’ayant que l’essor du pays comme ambition, contrairement à l’expérience vécue dans les formations politiques où c’est les intérêts personnels qui prennent le dessus. Par ailleurs, il est temps que l’entourage d’un chef d’Etat comprenne que si le profil qu’il faut se trouve hors de son cercle immédiat, le patron a le droit (et même le devoir républicain) d’aller l’y chercher. Seule doit compter l’atteinte de l’objectif commun, qui renvoie à l’intérêt supérieur de la nation. Evidemment, si une personnalité ou les dirigeants d’un parti politique devaient par la suite se sentir à l’étroit dans le bloc autour du président, ils auraient toujours la possibilité d’en sortir. Le Gabon est résolument engagé dans le respect des libertés fondamentales.

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