Oligui Nguema face à Mbanié : une retenue stratégique au service de la souveraineté

Oligui Nguema face à Mbanié : une retenue stratégique au service de la souveraineté Le Chef de l’Etat impulse une nouvelle grammaire du leadership gabonais. Entre passion nationale et raison d’État. Assortie d’une gouvernance par la consultation et la transparence. Pari du dialogue avec la Guinée équatoriale ?

 Dans un contexte aussi chargé de symboles et d’émotions que celui du verdict rendu par la Cour internationale de justice (CIJ) sur le différend territorial entre le Gabon et la Guinée équatoriale, le silence aurait pu paraître suspect, et la réaction excessive, dangereuse. Le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a choisi une autre voie : celle d’une retenue maîtrisée, d’une pédagogie institutionnelle et d’un appel au dialogue. Cette attitude, que d’aucuns pourraient juger tiède, mérite en réalité d’être saluée pour ce qu’elle incarne : une nouvelle maturité dans la gestion des affaires nationales et internationales. Depuis l’annonce, le 19 mai dernier, de l’attribution des îles Mbanié, Cocotiers et Conga à la Guinée équatoriale par la CIJ, une vague d’incompréhensions a parcouru l’opinion gabonaise. Nombreux sont ceux qui ont vu dans cette décision une perte territoriale, voire une trahison. Face à cette sensibilité légitime mais inflammable, le président Oligui Nguema n’a pas cédé à la tentation d’une surenchère nationaliste. Dans une déclaration mesurée publiée le 21 mai sur sa page officielle, il a clairement affirmé que « l’heure n’est pas aux réactions passionnelles », préférant attendre les conclusions techniques des experts qui ont suivi ce dossier pendant près de vingt ans. Ce n’était pas du désintérêt : c’était de la méthode.

Le 28 mai, le président a officiellement réceptionné l’arrêt de la CIJ au Palais Rénovation, en présence de juristes, parlementaires, membres du gouvernement et figures institutionnelles. Ce geste, hautement symbolique, marque un tournant dans la manière dont le pouvoir gabonais assume ses responsabilités face aux grandes décisions internationales : en pleine lumière, devant la nation, sans faux-fuyants. Mieux encore, le président a engagé une série de consultations avec les forces vives de la nation une démarche qui inscrit cette séquence dans un cadre participatif, et non vertical. La gestion de la post décision devient ici un exercice collectif, ce qui renforce la légitimité de l’État tout en désamorçant les tentations populistes. Dans ses prises de parole, le président Oligui Nguema a également tenu à préserver l’essentiel : la paix sous-régionale. En réaffirmant sa volonté de dialoguer avec son homologue équatoguinéen dans un esprit de bon voisinage, il fait le choix de la diplomatie constructive plutôt que de la crispation identitaire. Ce pari du dialogue est à la fois lucide et stratégique : dans un monde globalisé, où les frontières physiques comptent parfois moins que les partenariats économiques, maintenir une relation apaisée avec ses voisins est un gage de stabilité et d’ouverture à l’avenir. À travers sa gestion de cette affaire sensible, Brice Clotaire Oligui Nguema donne à voir une posture nouvelle du leadership gabonais : ferme sans être agressive, institutionnelle sans être rigide, nationale sans être nationaliste. Il assume la décision sans la fuir, et engage l’État à en tirer des leçons pour mieux défendre sa souveraineté demain. Ce n’est pas seulement une posture de transition. C’est un signal fort adressé à ceux qui attendent du pouvoir qu’il soit à la fois protecteur et responsable. C’est aussi un rappel à tous les Gabonais : notre patriotisme ne peut se construire sur le déni ou l’émotion, mais sur la lucidité, le droit et l’engagement pour l’intérêt supérieur de la nation.

 

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