Il n’est jamais aisé de porter un message de rupture dans une administration trop longtemps façonnée par les habitudes, les réseaux d’intérêts et la prééminence des arrangements discrets sur l’intérêt général. Il l’est encore moins quand ce message est porté par un homme jeune, sans passé compromettant, mû par une vision sobre de l’exercice du pouvoir. Aujourd’hui, le ministre du Pétrole Sosthène Nguema Nguema en fait l’amère expérience.
Depuis plusieurs semaines, une campagne insidieuse se déploie sur les réseaux sociaux, relayée par des comptes parfois anonymes, d’autres bien identifiés, visant à fragiliser l’image d’un responsable qui, depuis son arrivée, n’a cessé de remettre la rigueur et l’exigence au cœur de la gestion ministérielle. On lui prête des faits grotesques, à peine crédibles : la « distraction » de frais de mission qu’il aurait perçus pour un déplacement auquel il avait expressément renoncé. Le plus absurde dans cette affaire ? Lesdits fonds n’avaient même pas été décaissés au moment où les accusations ont commencé à circuler. Ce qui est en jeu ici dépasse l’homme. Il s’agit d’une offensive coordonnée par certains cercles restés nostalgiques d’un ministère du Pétrole conçu comme une chasse gardée, où les logiques d’entre-soi, de privilèges indus et de fidélités tribales prévalaient sur la rigueur budgétaire, la transparence administrative et l’efficacité attendue d’un secteur aussi stratégique. Dès lors qu’un acteur nouveau par l’âge, par l’esprit, par l’ambition républicaine s’emploie à réaligner l’action ministérielle sur les priorités du Chef de l’État, l’hostilité se fait immédiate. Ces attaques ne sont pas des maladresses de langage ou des critiques constructives. Elles relèvent de stratégies d’obstruction. Elles visent à disqualifier l’éthique en la tournant en naïveté, à rendre suspect tout refus des « pratiques » héritées. Ce ministre, dont l’intégrité est attestée par son parcours, sa posture et ses décisions, est coupable d’un seul tort : vouloir mettre fin aux marges opaques, aux frais injustifiés, aux passe-droits érigés en culture.
Et parce qu’il ne cède pas, on tente de l’écraser par l’absurde. Rien n’est trop bas pour cela : insinuations, montages, amalgames, et même le recours au repli identitaire, cette vieille mécanique d’exclusion ethnique que certains activent quand leur monopole sur les leviers de l’État est menacé. Ce repli, profondément corrosif, dissimule mal la peur panique qu’éprouvent certains de voir leurs combines mises à nu.
Mais au fond, ces attaques sont aussi la preuve d’une chose : le changement dérange parce qu’il agit. C’est précisément parce qu’un travail de fond est amorcé, parce que les mécanismes de régulation sont restaurés, que ceux qui ont trop profité du désordre s’agitent aujourd’hui. En ce sens, leur fébrilité est un symptôme que la réforme est en marche.
Cet éditorial n’est pas un chèque en blanc. Il est un rappel simple : l’administration n’appartient à personne, sinon à la République. Et nul ne devrait être vilipendé pour avoir fait le choix de servir honnêtement, dans la conformité à une feuille de route claire, et avec pour seule ambition la réussite d’un mandat présidentiel dont l’orientation est désormais bien connue : restauration, discipline, redevabilité. Le ministre du Pétrole Sosthène Nguema Nguema n’a pas besoin d’être défendu, mais reconnu dans ce qu’il incarne : un sursaut d’éthique administrative, dans un secteur longtemps vampirisé par des intérêts particuliers. Ceux qui tentent de l’abattre aujourd’hui ne défendent pas un service, mais un système. Et c’est précisément celui-là qui doit tomber.