Depuis le 7 juillet 2025, une vingtaine de journalistes gabonais suivent une formation intensive à Libreville sur le traitement rigoureux de l’information et la couverture des processus électoraux.
Cette initiative, portée par Médias & Démocratie en partenariat avec l’ambassade de France, le ministère gabonais de la Communication et l’Institut des Sciences et Techniques Avancées (ISTA), s’inscrit dans un calendrier politique stratégique, à quelques mois d’échéances électorales majeures. Le lieu et le moment ne sont pas anodins. Alors que le pays poursuit sa transition institutionnelle, les attentes en matière de rigueur journalistique et de responsabilité médiatique n’ont jamais été aussi fortes.
Répartie en deux phases l’une sur les fondamentaux du métier (du 7 au 11 juillet à l’ISTA), l’autre sur le traitement spécifique des élections (du 14 au 18 juillet à l’Institut français du Gabon) – cette session entend consolider les compétences professionnelles des participants tout en instaurant une culture commune de bonnes pratiques. Il ne s’agit pas seulement d’enrichir des savoir-faire, mais aussi d’encourager une posture plus exigeante, plus lucide et plus engagée dans la couverture de l’actualité nationale. L’initiative prend tout son sens dans un pays où les médias, souvent tiraillés entre précarité économique, dépendance éditoriale et pression politique, jouent un rôle de plus en plus décisif dans la médiation entre institutions et citoyens. En donnant aux journalistes les outils d’un traitement fiable et contextualisé de l’information, cette formation cherche à renforcer le lien de confiance entre la presse et le public, tout en positionnant les professionnels comme des acteurs centraux de la démocratie gabonaise en construction.
Elle vient également rappeler que la qualité de l’information ne dépend pas uniquement des circonstances, mais aussi de la préparation. L’éthique, la vérification des faits, la compréhension des enjeux politiques, le respect des procédures électorales : autant de points abordés pour permettre aux participants d’affronter, en toute indépendance, les défis d’une année électorale. En période de transition, une presse bien formée n’est pas un luxe — c’est une nécessité.

Au-delà de la session de juillet, un second volet renforce l’impact de l’initiative : dix journalistes (dont sept Gabonais) seront sélectionnés pour une immersion professionnelle en France, dans le cadre du partenariat entre Libreville et Montpellier. Ce séjour d’échanges se déroulera à l’occasion de la Biennale Euro-Africa en octobre prochain. L’ambition est double : exposer les lauréats à d’autres pratiques professionnelles et nourrir une culture de la collaboration afro-européenne sur les standards de qualité journalistique. C’est une ouverture qui dépasse la seule technique : elle engage une vision du métier, plus exigeante, plus transversale, plus ancrée dans les responsabilités contemporaines du journaliste.
Depuis sa création en 2016, la plateforme Médias & Démocratie s’est imposée comme un acteur sérieux du renforcement des capacités dans plusieurs pays africains. Sa nouvelle branche gabonaise, lancée en février 2025, marque une volonté de décentraliser et de pérenniser les actions sur le terrain. Elle ambitionne déjà de multiplier les sessions thématiques sur des sujets comme le journalisme d’enquête, la lutte contre la désinformation ou encore l’éthique dans les médias numériques.
Dans un contexte de recomposition institutionnelle, où les repères sont en train d’évoluer et où la parole citoyenne se redéfinit, cette formation apparaît donc comme un jalon fondamental. Elle ne résout pas à elle seule les défis du secteur, mais elle offre un point d’appui solide. Elle prépare. Elle élève. Et surtout, elle met les journalistes face à leur rôle : celui d’être des éclaireurs, non des amplificateurs. En formant dès aujourd’hui une génération plus rigoureuse, plus critique et mieux préparée, le Gabon mise sur une presse capable d’accompagner la maturation de sa démocratie. Et ce pari, plus que jamais, mérite d’être soutenu.