La Ligue de Défense des Intérêts Démocratiques (LDID), plateforme regroupant une quinzaine de partis politiques gabonais, a tenu un point de presse ce mercredi 9 juillet à Libreville. À travers la voix de son coordonnateur général et porte-parole, Simon Adolphe Evouna, l’organisation a exprimé de vives préoccupations face à l’évolution de la vie politique nationale, dénonçant notamment la récente promulgation de la loi sur les partis politiques, les conditions de déguerpissement de certaines populations, ainsi qu’une gouvernance jugée « autoritaire ».
La LDID, qui se présente comme une alliance de partis politiques unis par une même philosophie démocratique, a rappelé que ses membres entendent défendre les libertés fondamentales, l’État de droit et la souveraineté nationale. Parmi les partis affiliés figurent le Parti Socialiste Unifié (PSU), le Forum Africain pour la Reconstruction (FAR), l’Union pour la République (UPR), le Front Démocratique Républicain (FDR), ou encore le Forum Gabonais pour la Défense de la Civilisation Nationale (FGDCN).
Préoccupations sociales et économiques
Lors de sa déclaration, Simon Adolphe Evouna a également attiré l’attention sur la situation socio-économique du pays. Il a évoqué un taux de pauvreté élevé, estimant que plus de 33 % des Gabonais vivraient sous le seuil de pauvreté. Face à cette situation, la LDID propose l’instauration d’un salaire minimum de 200.000 FCFA, une revalorisation des pensions de retraite, la régularisation des arriérés de salaires et des situations administratives, ainsi que l’inscription du droit au logement dans la Constitution.
Critique de la loi sur les partis politiques
L’un des points centraux de cette déclaration est la critique portée à l’encontre de la nouvelle loi sur les partis politiques, récemment promulguée par le chef de l’État. La LDID y voit une volonté de « purge » politique visant à restreindre le pluralisme et affaiblir l’opposition. Selon la plateforme, cette réforme remet en question les acquis démocratiques du pays et menace le principe du multipartisme.
« Cette loi participe à l’anéantissement programmé des partis politiques et sonne le glas d’une dérive autoritaire », a déclaré Simon Adolphe Evouna, estimant qu’il s’agit d’un retour progressif au parti unique, où l’accès au jeu démocratique serait conditionné par des logiques de pouvoir et de favoritisme.
Condamnation des déguerpissements
La LDID a également condamné les opérations de déguerpissement survenues à Libreville dans plusieurs quartiers populaires, déplorant la brutalité des interventions et l’absence de solutions de relogement adaptées. « Dans un État de droit, de telles actions devraient être menées dans le respect de la dignité humaine et des standards internationaux », a souligné le porte-parole.
Par ailleurs, la plateforme a exprimé son inquiétude face à ce qu’elle perçoit comme un durcissement du régime, notamment à travers la réforme portant l’âge plancher à 70 ans pour être candidat à l’élection présidentielle. Une disposition qualifiée de « stratégie d’exclusion » visant à limiter les candidatures et à contrôler davantage le paysage politique.
En conclusion, la LDID estime que la démocratie gabonaise est en péril. « Le pouvoir en place démontre, selon nous, une aversion profonde pour les partis politiques », a affirmé Simon Adolphe Evouna. La plateforme annonce qu’elle se réserve le droit de saisir les instances internationales en vertu des engagements internationaux du Gabon. Ce point de presse, aux tonalités critiques mais argumentées, s’inscrit dans un contexte national marqué par des débats intenses sur l’avenir de la démocratie, les réformes institutionnelles et les libertés fondamentales.