Lors du sommet de haut niveau tenu à la Maison Blanche aux côtés de son homologue américain Donald Trump et des présidents de la Guinée-Bissau, du Liberia, de la Mauritanie et du Sénégal, le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema s’est distingué par un discours franc, direct et résolument pragmatique. Face au leader de la première puissance mondiale, le chef de l’État gabonais a tenu un propos sans langue de bois, assumant pleinement sa vision d’une Afrique souveraine, en paix, et maîtresse de ses ressources.
Prenant la parole lors du déjeuner officiel, le président gabonais a salué les efforts des États-Unis en matière de médiation internationale, en particulier l’accord de paix entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo, tout en appelant à une mobilisation urgente pour la situation au Soudan. « Aucun investissement ne peut être réalisé lorsqu’il y a une guerre. Pour les investissements, il faut la paix », a-t-il affirmé avec clarté. D’un ton calme mais ferme, Oligui Nguema a exprimé un message clair : les pays africains ne sont pas pauvres, mais riches de ressources naturelles qui ne demandent qu’à être valorisées localement. « Nous avons des matières premières, des minerais, des terres rares. Nous ne sommes pas des pays pauvres… Mais nous avons besoin de partenaires pour nous aider à transformer ces ressources, dans une logique de partenariat gagnant-gagnant », a-t-il insisté, dans un plaidoyer pour une nouvelle équation économique fondée sur la souveraineté et la valeur ajoutée locale.
Dans une posture de dialogue avec le président américain, le chef de l’État gabonais a souligné la nécessité de transformer les matières premières sur le continent, notamment pour lutter contre le chômage des jeunes et éviter les tragédies migratoires. « Nos jeunes se noient dans l’océan pour aller chercher une vie ailleurs. Ce que nous voulons, c’est créer de la valeur chez nous », a-t-il martelé. Fidèle à sa politique de transparence et de réformes depuis la transition enclenchée au Gabon, Oligui Nguema a réaffirmé l’ouverture de son pays aux investissements internationaux, précisant que le secteur énergétique constitue une priorité. Il a d’ailleurs lancé un appel d’offres pour produire entre 8 et 10 gigawatts d’électricité afin d’accompagner l’industrialisation, notamment dans la transformation du manganèse.
Par ailleurs, sur le plan sécuritaire, il a interpellé les États-Unis sur la situation préoccupante dans le Golfe de Guinée, marqué par des actes de piraterie maritime. Reprenant à son compte le goût du pragmatisme qu’il attribue à Donald Trump, le général-président a plaidé pour un partenariat militaire fort, en sollicitant un appui américain en équipements et en coopération active. « Je suis général, et moi aussi je suis pragmatique. J’aime quand les choses avancent rapidement », a-t-il glissé avec assurance. Par ce discours audacieux et sans complexe, Oligui Nguema a démontré qu’il entend peser sur la scène internationale avec une voix libre, portée par la volonté de changer les paradigmes traditionnels entre l’Afrique et ses partenaires. Un ton nouveau qui tranche avec les discours souvent diplomatiquement feutrés, et qui réaffirme la place du Gabon dans les dynamiques géopolitiques du moment.