Famille Bongo: la justice ne se rend pas à Paris, elle se rend à Libreville.


En portant plainte devant la justice française, la famille Bongo a lancé une manœuvre à la fois symbolique et stratégique. Officiellement, il s’agit d’une démarche procédurale. Officieusement, cette initiative ressemble à une tentative d’échapper à la rigueur d’une justice gabonaise désormais déterminée à faire son travail. Derrière ce recours international se profile une opération de communication soigneusement orchestrée, destinée à fragiliser les institutions judiciaires locales tout en reconfigurant l’image de la famille Bongo sur la scène internationale.

Ce recours survient dans un contexte judiciaire particulièrement sensible. Le 12 mai 2025, l’avocate de la famille, Me Gisèle Eyue Bekale, introduisait deux demandes de mise en liberté provisoire pour Sylvie et Noureddin Bongo, en invoquant des raisons médicales. L’État gabonais, à travers l’Agence judiciaire, a donné un avis favorable, dans un esprit de respect des droits humains. Le 14 mai, la Première Chambre d’Accusation Spécialisée a statué en faveur de leur libération provisoire, sur la base de certificats médicaux établis par des autorités sanitaires compétentes. Une décision prise en toute légalité, sans pression, ni arrangement. Le Procureur général a rappelé que la procédure suit son cours : les intéressés ne sont pas blanchis, mais simplement libérés sous conditions.

Ali Bongo, quant à lui, n’a jamais été détenu. Il reste au Gabon, affirmant ne pas vouloir quitter le pays sans sa famille. Un choix présenté comme noble, mais qui peut aussi être lu comme une stratégie de bloc unifié face aux poursuites. Aujourd’hui, en introduisant une plainte en France, la famille cherche manifestement à inverser les rôles, à se présenter comme victime d’un acharnement, et non comme sujet d’une enquête judiciaire légitime.

Cette démarche à l’international ne vise pas à obtenir justice, mais à construire un récit alternatif, à discréditer la justice nationale, et à provoquer un effet médiatique. Le message envoyé est clair : la justice gabonaise ne serait pas digne de confiance. Une accusation grave, infondée, et démentie par les faits. Les procédures en cours sont menées selon le droit, avec des garanties pour la défense, et sous l’autorité de juges compétents.

La société civile gabonaise ne s’y trompe pas. Juristes, syndicalistes et intellectuels dénoncent une tentative d’échapper à la justice, en masquant les accusations de détournements, de blanchiment et d’enrichissement illicite sous le vernis d’une prétendue persécution politique. L’opinion publique est appelée à rester vigilante. Ce qui se joue ici, c’est la crédibilité d’un État de droit en reconstruction.

Le Gabon n’a pas à rougir de sa justice. Il doit continuer à démontrer qu’aucun citoyen, quel que soit son rang, n’est au-dessus des lois.

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