Digitalisation: Pourquoi l’externalisation du projet?

Il va aussi falloir expliquer aux gabonais comment le « Super Ministre » qui a récemment dénoncé le fait que 93,25% des marchés publics, en valeur, auraient été attribués en 2025 sans appel d’offres, est le même qui vient de confier le très attendu Projet de digitalisation des régies financières à une société étrangère à peine créée le 12/03/2025 et au capital famélique de 1000 euros.

Source : L’Annuaire des Entreprises – République Française (mis à jour 11/06/2025)

 

 

 

 

 

 

Cette orientation soulève de nombreuses interrogations ; – Dévalorisation des compétences internes : les agents des régies financières disposent des connaissances nécessaires pour piloter ce type de projet. En ne les mobilisant pas, on sous-exploite un capital humain déjà opérationnel, ce qui peut engendrer démotivation et sentiment de mise à l’écart. –Absence de concertation : une décision de cette ampleur ne peut se prendre sans une consultation sérieuse des parties prenantes internes. Or, aucun appel à proposition ni aucune évaluation comparative n’a été menée de manière transparente. -Perte de maîtrise : Externaliser un projet stratégique comme celui de la digitalisation des régies financières pourrait réduire le contrôle direct sur les choix techniques, les délais, voire la sécurité des données. -Coûts et cohérence : Le recours à un prestataire externe engendre des coûts supplémentaires. De plus, cela peut créer une rupture avec les solutions déjà en place, que les équipes maîtrisent et font évoluer depuis plusieurs années.

Un tel projet aurait mérité une concertation plus large, et une évaluation approfondie de ce que les services internes pouvaient proposer, en termes de solutions, de délais et de coûts d’autant qu’un projet similaire était déjà en cours.

Le « Super Ministre » serait tenté de se défendre en objectant que sa nomination est postérieure à la création de cette société et qu’il s’agirait donc d’un faux procès…Que nenni ! Nous sommes une fois de plus dans un conflit d’intérêt de grande envergure car le dirigeant de OBR PARTNER, Mohamed Zouber SOTBAR est un prestataire historique de…BGFI Services, la filiale de service et d’ingénierie numérique et informatique du Groupe BGFIBank. Figurez-vous que ce dernier fut le Directeur de projet dans le cadre de la mission d’accompagnement de la mise en place de… BGFI Services.

Une entorse aux principes de bonne gouvernance

Les bonnes pratiques en matière d’audit public imposent que les missions soient confiées à des organismes de contrôle indépendants : Inspection générale d’État, Inspection générale des Services, Cour des comptes, voire cabinets extérieurs choisis par procédures transparentes (appel d’offres, audit par une entité agréée et neutre). En court-circuitant ces mécanismes, le « Super Ministre » fragilise les institutions, marginalise les corps de contrôle existants et piétine les principes de redevabilité. C’est un signal dangereux envoyé à la population et aux partenaires techniques et financiers. Osons le dire, ce qui se passe actuellement au Ministère de l’Economie et des Finances est une tendance inquiétante, s’apparentant à la privatisation informelle de l’Etat, où des fonctions régaliennes sont déléguées à des opérateurs privés sans garanties suffisantes. Le public ne doit pas devenir un terrain d’expérimentation privée. L’audit public n’est pas une mission sous-traitable à la légère ; c’est un outil de transparence démocratique. En faisant intervenir son Directeur de l’Audit Interne (et porte-flingue), le « Super Ministre » et toujours PDG du Groupe BGFIBank a délibérément outrepassé ses prérogatives. Nous appelons donc à l’annulation immédiate de cette mission d’audit telle qu’elle a été confiée, ainsi qu’à une enquête parlementaire ou administrative sur les conditions de cette décision car l’audit public doit rester une prérogative exercée dans le cadre strict de la loi, avec impartialité, rigueur et respect des procédures. S’agissant du projet stratégique de digitalisation des régies financières, il aurait mérité une concertation plus large, et une évaluation approfondie de ce que les services internes pouvaient proposer, en termes de solutions, de délais et de coûts. Son pilotage par OBR PARTNER et BGFI Services est inacceptable et doit être reconsidéré afin que les services internes compétents soient pleinement responsabilisés dans la conduite du projet. L’État ne doit pas devenir un champ de manœuvre pour des intérêts privés. La légitimité des institutions repose sur leur capacité à agir dans la clarté, l’équité et l’indépendance.

 

 

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